Dans la voie contemplative, le progrès spirituel s’accomplit en déjouant notre croyance. Cela se concrétise en adhérant autant que l’on peut à la Présence, à la vérité de l’instant. C’est une approche simple, qui nous demande de laisser notre monde subjectif pour Le Monde. Soit nous cultivions notre rêve, soit nous nous abandonnons au réel.
L’idée d’un “chemin”
A présent, en tant que “chercheur”, nous raisonnons en terme de dualité et de non-dualité. Cependant, dans notre pratique, nous pensons cheminer d’un point A vers un point B. Il nous faut faire attention qu’avec l’idée d’un “chemin” nous ne cultivions pas le concept “d’extériorité”, d’un “second” et la croyance d’une séparation avec le “grand tout”.
Si la vérité est une totalité, il n’y a pas un “nous extérieur” et la “Vérité”. C’est l’illusion d’un “moi” séparé, qui projette un but dans un ailleurs et un autre temps. Le “chemin” n’existe que dans la vision et la perception relative du personnage.
Notre démarche ne devrait pas consister à faire progresser notre “personnage” ainsi que sa vision duelle d’une voie spirituelle. Plus efficacement, elle devrait l’amener à réaliser que lui-même est vide et mensonger. Qu’effectivement, il n’y a pas “deux”.
S’il existe un “chemin” en rapport avec le développement spirituel, c’est celui de la confiance. Souvent, nous avons la compréhension, mais pas la confiance.
Nous voyons bien qu’une compréhension sans la confiance ne peut pas vraiment nous aider. C’est la confiance qui permet de passer de la théorie à la pratique. C’est elle qui permet de concrétiser nos aspirations. Ce que nous avons à perdre est illusion !
Si nous désirons vivre une vie spirituelle, il nous faut changer de référentiel. Il s’agit de passer de la “terre” au “ciel”, de laisser notre intérêt pour les affaires de ce monde terrestre afin de nous consacrer au monde céleste. Ce royaume est déjà accessible en ce monde. Cependant, sa nature n’est pas relative et illusoire. Elle est ce qui contient tout cela.
Voulons nous lâcher le film sur l’écran de cinéma pour nous intéresser à la réalité de la salle de cinéma ? Voilà qui illustre la différence entre le royaume des hommes et celui de Dieu.
L’extériorisation et l’éloignement de Soi ne sont pas possibles. Le retour à Soi n’est donc que symbolique. De même que le sont notre rupture, notre divorce, notre égarement. Nous croyons nous détourner de Dieu et prendre notre indépendance, mais ce n’est la qu’un symbole, qu’un acte spirituel. Compte tenu de l’omniprésence de Dieu, aucun écart réel n’est possible. Lorsque nous pensons le quitter, lui demeure. Il continue de nous animer, de nous respirer, de répandre son souffle de vie sur tout l’univers.
Le bonheur de la vérité est gratuit, celui de l’illusion se gagne.
L’un est infini, l’autre est provisoire.
La contemplation ne vous amènera nulle part. Elle agit comme un éclairage qui démystifie l’illusion. Elle ne s’adresse pas au “moi illusionnée” pour lui donner un nouveau projet. Simplement, elle révèle sa nature factice. Elle vient nous montrer qu’il est une identification dans un rôle, une croyance que nous “portons”, sans qu’en aucun cas nous soyons celui-ci.
La contemplation ne répond pas à l’illusion en continuant dans sa logique, en lui répondant par une surenchère. À l’inverse, c’est d’un monde pareil à un rêve qu’elle nous éclaire. De tous ces jeux elle nous libère en dévoilant toute son irréalité.
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