Le simulacre d’une Quête
Denis Marie
20 mai 2022

Le personnage représente la pierre d’angle de toute notre illusion. Les pratiques spirituelles qui le conduisent à se contrôler lui-même ne sont guère efficaces pour s’en libérer, étant donné que c’est encore lui qui en est le protagoniste.

Nous devrions comprendre, que c’est uniquement par le lâcher-prise du rôle et de la légende qu’il incarne que nous nous ouvrons. C’est à travers cette ouverture que se révèle la primauté de notre vraie Nature. Ne plus travailler pour notre personnage et ses projets, nous rend immédiatement disponibles à la vérité déjà présente, ainsi qu’au monde réel.

Beaucoup valorisent leur parcours spirituel, leurs diverses expériences. Cependant, s’ils n’ont pas trouvé la libération, tout cela n’a servi à rien. Lorsqu’après avoir pris de nombreux traitements pour nous soigner nous restons malades et souffrants, en définitive, nous en sommes toujours au même stade.

On ne guérit pas d’une maladie imaginaire ; on cesse seulement d’y croire.

Il n’y a pas de libération progressive. Si l’on pense que cela existe, cette notion de progression fait encore partie de notre illusion. Être libéré, c’est avoir reconnu que toute l’histoire qui nous occupait n’était qu’un mythe, que tout n’était qu’imaginaire. On ne guérit pas d’une maladie imaginaire ; on cesse seulement d’y croire. C’est comme le matin, dans son lit, on réalise que depuis notre endormissement, jusqu’au réveil, tout ce qui s’est passé n’était qu’un rêve.

La Source étant absolue et première, elle n’a pas à être regagnée petit à petit, étape par étape.

Cette progression ne peut être qu’une stratégie établie par le personnage dans l’intention de se maintenir. La vérité n’est pas l’une de nos fabrications. Elle est notre vraie identité qui ne peut que réapparaître et s’imposer pour peu que l’on cesse de la dissimuler et de la rendre optionnelle. Relativiser l’Absolu, c’est la première croyance que s’inflige l’illusion pour se faire exister.

La véritable spiritualité qui vise à retrouver notre Nature absolue, notre Essence divine, n’existe presque plus dans ce monde. Aujourd’hui, cette quête n’est plus qu’un simulacre parmi tant d’autres. Les voies traditionnelles de connaissance de soi se sont compromises pour plaire à leurs adeptes, ainsi qu’à leurs dirigeants. Elles ne conduisent plus à la Libération, mais à un “état supérieur” à l’apogée de l’illusion. Elles ne s’apparentent plus qu’à des disciplines, qu’à des méthodes, en vue d’un développement personnel destiné au personnage.

Lorsque nous vivrons dans la reconnaissance et l’acceptation de la perfection de l’Être, l’inutilité de tout ajout, de tout complément, nous apparaîtra. Bien des choses resteront malgré tout perfectibles sur le plan relatif. Cependant, depuis notre nature absolue, elles seront reconnues comme des expressions secondaires de celle-ci. Plus jamais, elles ne représenteront une condition ou un obstacle à notre liberté fondamentale.

Suivant :