Malheureusement, nous n’utilisons pas la pensée pour nous faire sortir de l’illusion, mais pour y rester. Tant de savoir et d’intelligence au service d’un mythe, d’une vision chimérique. Jour après jour, heure après heure, nous nourrissons notre rêve avec nos idées. Bien que nous appartenions au réel, intérieurement, nous tournoyons tels des moulins fous animés de nos pensées.
Le mouvement de la pensée nous laisse croire en un changement, en un déplacement. Pourtant, même après toute une vie d’illusion, nous n’avons pas bougé. Nous restons le même. À travers le mental, ce n’est que de façon virtuelle que nous bougeons. Cependant, sans en avoir une vraie reconnaissance, nous y croyons et en subissons les effets.
Dans l’approche contemplative, changer de “référentiel” c’est changer son point de vue.
Dans l’approche contemplative, changer de “référentiel” c’est changer son point de vue. C’est directement adopter celui de la vérité. Nous pourrions dire qu’au préalable existe “le point de vue inhérent à l’Être” qui, par la saisie conceptuelle de l’illusion, se trouve assimilé avec tous ceux que crée le mental. Bien que virtuels, ceux-ci opèrent aussi bien que le mensonge et parviennent à nous duper. Sans la ressemblance que reproduit généralement tout reflet, l’illusion ne saurait nous captiver.
En nous, la vérité n’est pas dans la pensée, dans nos idées. Elle n’est pas dans un état, dans un développement, une évolution ou une potentialité. Elle est la totalité, l’exhaustivité de tout l’existant qui inclut aussi l’inexistant. Elle est unique. Elle n’est pas une élaboration, une construction, un résultat. Il n’y a qu’elle, s’appartenant à elle-même.
Le point de vue de la vérité est déjà proclamé en nous et autour de nous. Dans l’illusion, il se trouve disqualifié et relégué au niveau de nos projections mentales. Dès lors qu’il s’y trouve associé, il devient optionnel.
Changer de référentiel, c’est juste basculer du monde abstrait de nos idées au monde réel qui est non pensé.
Changer de référentiel, c’est juste basculer du monde abstrait de nos idées au monde réel qui est non pensé. C’est se trouver en “live”, dans l’expérience même de l’instant vivant. C’est seulement une fois synchronisé avec celui-ci, que nous commençons à “Voir” depuis la vérité absolue.
Passer dans l’intensité du “live” ne demande qu’une décision. En nous, c’est un peu comme faire le vide. C’est se vivre en lien, non différent de toute chose. La difficulté c’est d’y rester. La Présence vive demande toute notre adhésion. Aussi, très vite le sommeil de l’illusion nous rattrape et nous replonge dans l’esprit pensant.
L’immersion dans le “live”, nous pouvons l’obtenir par la sagesse et la capitulation du personnage. Nous pouvons aussi nous la donner par l’élan d’une décision. Pour que celle-ci agisse, elle doit être franche et déterminée de sorte, qu’à l’instar d’un tremplin, elle nous envoie de l’autre côté du “miroir”. Changer de référentiel, c’est retrouver le point de vue originel et causal, non celui des conséquences. C’est passer des “reflets” au “miroir” dans lequel ils apparaissent.
Changer de référentiel c’est transgresser l’illusion.
Il existe une mécompréhension concernant celui que nous sommes. Il existe une confusion à propos de celui que nous pensons être. Dans notre histoire, nous ne tenons pas le bon rôle. Nous n’occupons pas la bonne place. Bien que nous menions une vie relative avec tous les états et les changements qu’elle comprend, celle-ci est comme notre danse. Elle n’est pas le danseur. Elle est comme notre rôle, mais pas le comédien. Le changement de perspective ne nous offre pas uniquement un “nouveau” point de vue. Il nous fait sortir de tout regard relatif. Il nous rend à notre nature absolue, parfaite et éternelle qu’à jamais nous sommes et ne cessons d’être.
Plus nous arrivons dans la Présence, moins il s’avère utile d’y revenir. Moins nous nous rendormons, moins le recours au réveil est nécessaire. Nous réalisons qu’à travers nos différents points de vue, en fait, jamais nous nous écartons de nous, du Soi. Aucun autre point de vue n’était réel.
Changer de référentiel c’est transgresser l’illusion et son immobilisme. C’est stopper sa logique ainsi que sa trajectoire. C’est arrêter notre monde pour arriver “ici”, en celui qui est réel et auquel nous appartenons.
À travers l’écran du mental, nous nous racontons une histoire. Nous rêvons éveillés. D’une impulsion, nous basculons dans la Présence vive. Nous renaissons en Esprit.
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