Cassez un miroir en 4, vous obtiendrez 4 miroirs. Cependant, vous pouvez y voir aussi un miroir brisé en 4 morceaux.
Que regardons-nous ? Mais surtout, depuis quel point de vue le faisons-nous ? Confrontées à une même situation, différentes personnes n’y voient pas tout à fait la même chose. Bien qu’elles soient face à un contexte identique, chacune y ajoute sa subjectivité. Cela peut sembler normal. Toutefois, cet ajout personnel prend le pas. Le plus souvent, il domine. Il fait que l’on élude la vérité objective, le dénominateur commun.
Ce qui se passe avec plusieurs personnes se produit déjà avec une seule. Au regard d’une même situation, il nous arrive d’exprimer différentes opinions. Cependant, hors de celles-ci, la situation existe telle qu’elle est. Aussi, quelqu’un d’autre peut l’appréhender à son tour sans être influencé par notre regard. Toutefois, il pourra l’être par le sien.
Chacun veut voir ce qui lui plaît ou ce qui l’arrange.
Il existe une vérité commune, une neutralité, une impartialité qui permet à chacun de partager la même vie. Cependant, rares sont ceux qui ne projettent pas sur elle le prisme de leur jugement. Rares sont ceux qui ont l’humilité de recevoir le monde tel qu’il apparaît. Chacun veut voir ce qui lui plaît ou ce qui l’arrange. C’est en cela la façon ordinaire dont nous créons et entretenons notre illusion.
Changer de regard ne représente qu’un premier pas vers le respect de la pure Présence. Plus qu’une attitude à modifier, c’est le personnage tout entier que l’on doit cesser de ménager. Si nous ne sommes pas libres, c’est parce qu’à travers lui nous maintenons la volonté de nous affirmer par-dessus la proclamation initiale de l’Être. Nous surjouons et tentons de nous prouver, de justifier notre utilité.
Aussi longtemps que nous restons autocentrés, aucune vérité ne pourra nous délivrer. Comprenez que c’est la pure Présence que nous sommes en réalité, qui se trouve bafouée par le besoin fallacieux de nous faire exister par un “jeu”.
Nous savons pratiquer une écologie environnementale. Cependant, quelle en est l’authenticité ? Quels en sont les bienfaits réels, si en premier lieu l’écologie intérieure n’est pas respectée ?
Soigner les effets sans traiter la cause, c’est agir avec hypocrisie.
C’est de corrompre notre espace intérieur que des conséquences, des répercussions se propagent dans notre environnement extérieur. Soigner les effets sans traiter la cause, c’est agir avec hypocrisie. Il est vain de traquer les mauvaises odeurs autour de nous, si nous en sommes la cause. Elles nous suivront où nous irons. Elles persisteront tant que nous chercherons à les éliminer là où elles ne sont pas.
Contempler se traduit par le jeûne de son “personnage”, de l’emprise qu’il exerce. Ce jeûne ne se pratique pas comme une retenue, une rétention. Il est une conséquence qui résulte de l’évidence. Il s’impose du fait de réaliser l’inutilité d’un quelconque ajout, de la moindre digression devant une situation déjà consommée et qui s’en moque. Tout commentaire n’a d’intérêt que pour le personnage. Étant imaginaire, ce dernier n’est donc pas requis.
La vérité est une évidence et elle le demeure. C’est dans le regard du personnage qu’elle “disparaît”. Lui aussi disparaît dans les yeux de l’évidence, lorsque nous cessons de le “réciter”.
Il ne peut que disparaître puisqu’il n’est pas existant. La vérité n’a besoin de “personne” !
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