La Bonne Nouvelle
Denis Marie
12 mars 2021

Elle est que déjà nous sommes pleinement libres. Nous le sommes comme depuis toujours. Notre seul enfermement s’énonce dans le discours de notre intellect. Ce n’est pas la réalité. Nous sommes également libres de toute pensée.

La “bonne Nouvelle” n’est pas un message qui annonce quelque chose à venir. Elle nous dit qu’elle est déjà en cours. Elle déclare que du fait de la proclamation de “l’Esprit éternel” déjà pleinement présent en nous ; nous-mêmes sommes cette “bonne Nouvelle”.

À cet instant même, à cette écoute, nous sommes affranchis de toute notre vie puisqu’il n’en reste rien. Nos souvenirs sont comme des photos, les empreintes d’une réalité qui n’est plus. Dites-vous que tout, absolument tout jusqu’ici, était “avant”. Ce maintenant, ainsi que nous-mêmes, en sommes parfaitement libre. Nous sommes l’Être nouveau, intact et immortel, celui-là que nous ne reconnaissons pas.

Les mots “Bonne Nouvelle” ne vous apprendront rien de ce qu’elle est. C’est de vous appuyer sur l’Esprit éternel présent en vous, qui la révélera “nouvelle” et “vivante” à jamais.
Celle-ci dépend d’une redécouverte du principe conscient en chacun. La conscience qui est en nous, sans laquelle nous ne saurions exister, ne nous appartient pas. Nous n’avons pas de prise sur elle. D’elle-même, elle vient sur nous telle la lumière du Soleil qui nous éclaire jusqu’à l’intérieur de nos maisons. Nous ne pouvons pas commander au soleil. Il en va de même pour la conscience qui réside en nous. Elle ne vient ni ne repart.

Elle proclame que notre conscience n’est autre que
Dieu éternel présent en nous.

+ Du fait de sa perfection, depuis toujours l’Esprit qui vit en nous est resté sain. En lui, tous les surgissements ont disparus inéluctablement. Tous ont été libérés.
L’éclat de notre conscience demeure intact comme neuf. Rien de ce qui s’élève n’y prend place ni ne l’affecte. L’éclat perdure immobile et invariable. À l’image d’une corde qui en dépit du fait qu’on l’enroule, qu’on la noue de multiples façons, continue d’être ce qu’elle est.

Il est impropre de prétendre que nous sommes plus ou moins conscients au regard de telle ou telle autre chose. Nous n’avons pas les commandes pour cela. La conscience opère en nous comme nos sens qu’il nous est impossible de déconnecter. Nous pouvons refuser de voir et d’entendre ce que nos yeux et nos oreilles reçoivent. Nous pouvons nous en détourner, ne pas le prendre en compte, mais sans parvenir à en suspendre le fonctionnement.

Le fait de placer nos mains sur nos yeux ou nos oreilles ne les éteint pas. Il en va de même pour notre conscience. Tout comme la puissance de vie abonde de façon incessante, en notre esprit elle brille de clarté comme le miroir de l’eau. S’affranchissant de toute condition, elle en constitue sa qualité intrinsèque.

La “bonne Nouvelle” est que, Dieu source de vie nous aime. Qu’il n’a pas d’autre désir que d’offrir son amour. Dieu aime chacun sans jugement ni discrimination. Nos souffrances ne sont pas causées par lui. L’amour ne crée pas de malheur puisqu’il est l’essence même du bonheur. C’est notre détournement de l’amour qui nous prive du bonheur, qui nous pousse à le rechercher, au prix fort, là où il n’est pas.

Si nous reconnaissions l’amour exhaustif de Dieu dans notre cœur, tous nos malheurs de cette vie seraient soulagés. L’amour de Dieu est porteur d’éternité. Il n’est pas conditionné ni intéressé. C’est son infinie générosité qui lui confère son indéfectibilité.
Dès lors que nous recevons cet amour, il nous transforme. Il nous donne à comprendre qu’aucun bonheur terrestre n’a le pouvoir de rendre l’homme libre et heureux. Ils ne restent que de piètres compensations. Celles-ci peuvent être saisies par nos mains, mais ne pourront jamais prendre place dans notre cœur.

+ La “Bonne Nouvelle”, je peux l’annoncer de bien des manières. Cela ne fait pas qu’elle soit acceptée et reconnue. En règle générale, elle n’est entendue que de façon intellectuelle. Elle est réduite à un simple “point de vue” avec lequel on s’octroie la liberté virtuelle d’acceptation ou de refus.
Pourtant, la “Bonne Nouvelle” est telle qu’elle Est ; une évidence sans alternative. Penser qu’elle est comme un choix, ce n’est pas la “voir” ni l’accueillir. C’est déjà la refuser. Quoi d’étonnant pour le moi égotique de préférer la considérer comme une simple idée.

Ne cherchez pas Dieu ailleurs que dans votre conscience. C’est là le siège de l’Esprit. C’est le lieu de la prière, qui pour beaucoup se voit être “un passage étroit”* pour le Royaume. Que faisons-nous du “temple”*, de la demeure où resplendit sa Présence ?

La conscience, nous pouvons nous en détourner, mais pas l’éteindre. Enrichis de notre saisie, de tous nos objets mentaux. Nous ne savons que l’encombrer. Nous ne distinguons plus la perfection du “miroir de l’Esprit”, tant l’ensemble de nos reflets l’encombrent et nous le masquent. Nous voulons croire que toutes nos fabrications sont plus importantes que l’Essence originelle qui fait de nous des créateurs.

Ce que nous recherchons, c’est notre propre gloire. En manque d’une filiation, nous espérons nous valoriser. Nous attendons de recevoir l’admiration de nos semblables, alors que nous ne sommes que des imposteurs.

La porte étroite
“Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux.” (Mt 19:24, Mc 10:25, Lc 18:25)
“Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas…” (Lc 13:22-30)
“Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé.” (Jn 10:9)
Les marchands du temple
“Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.” (Jn 2:13-22)
Les richesses
“Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où la teigne ne détruit point. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.” (Luc 12:33-34)

Cette hyperbole de l’aiguille et du chameau vient de l’histoire de l’homme riche. Elle va dans le même sens que d’autres affirmations que fait Jésus, comme dans les béatitudes : Heureux, vous les pauvres… quel malheur pour vous, les riches…
Quel chemin, quel but poursuivons-nous dans notre existence ? Nos choix, nos priorités expriment celui pour lequel nous nous déterminons.