Le ciel du dedans
Regarder “dedans” nous met en relation avec le divin. C’est comme regarder la profondeur de l’horizon. Cela nous met en contact, en expérimentation de la Liberté infinie.
D’ordinaire, nous regardons le fini des formes qui nous entourent. Comment pourrions-nous connaître l’infini à travers notre approche habituelle, en usant des mêmes croyances, des mêmes spéculations ?
Changer de regard et adopter le regard intérieur. C’est comme pratiquer un autre langage. C’est comme changer de focale pour voir au loin. Cela permet de rendre visible et distinct ce qui ne l’est pas.
Regarder en soi
Regarder en soi, ce n’est pas regarder sa pensée, mais l’ouverture, l’éclat même de l’Esprit. Le fait de “regarder”, d’en prendre conscience, nous restitue dans “l’Espace”, le “Silence originel” duquel surgissent et repartent les pensées.
Regarder l’Esprit c’est comme rentrer chez soi. C’est glisser jusque vers son cœur et rejoindre sa véritable place, la demeure. L’Espace sacré du cœur marque l’entrée du Royaume en nous. C’est l’accès vers la Source à laquelle nous aspirons.
À cause du manque d’amour et de pardon, des histoires dans lesquelles nous nous enfermons, nous ne la distinguons plus. Assoiffés, nous la recherchons “ailleurs” dans les mirages du monde extérieur, là où elle n’est pas.
Le regard intérieur n’isole pas, ne referme pas. Il nous donne la relation avec l’espace du dedans qui se trouve être la continuité de celui extérieur. L’espace dans le vase et identique à celui qui l’entoure, celui dans lequel il apparaît.
En regardant, en nous reliant au ciel de l’Esprit par le regard intérieur, c’est la dualité qui est démystifiée. C’est l’unité indivisible qui se trouve confirmée.
Se simplifier
Afin de contempler, nous ne faisons pas une chose en plus. A l’inverse nous faisons certaines en moins. La contemplation se goûte à la Source, là d’où émerge la vie, la présence de l’Être.
Dans un premier temps, laisser tous nos “faires” peut être utile afin d’identifier “cela qui reste” qui ne résulte pas d’une élaboration.
Mettez-vous à l’écart et à l’arrêt des activités du corps, de la parole et de l’esprit. Simplifiez-vous… Maintenant, en vous, rencontrez “cela qui reste”, cela qui perdure par lui-même. La Présence de l’Être s’accomplit et règne sans intention, sans volition de notre part.
Lorsque nous avons décelé l’apparition spontanée de la présence de l’Être, nous pouvons nous passer de nous-mêmes. Nous pouvons prendre appui sur celle-ci et nous mettre “en vacances” du personnage.
À travers leurs pratiques spirituelles, certains s’entrainent ardemment à un “état”. Ils ne sont pas en recherche de leur cœur.
Se donner un cœur, ce n’est pas simplement cultiver de “bons sentiments”. Cela résulte du fait de contacter l’éclat de vie, de bonté fondamentale propre à la Source.
L’amour spirituel et divin est une force qui anime notre Être. Il est un baume sublime qui emplit et qui se “consomme” en le cœur. Il n’est pas le fruit d’un “sentiment” ou d’un “état”, mais d’une rencontre, de l’union avec notre énergie essentielle et créatrice.
Nous sommes pleins de nous-mêmes, de celui ou de celle que nous croyons être. Nous sommes pleins de nos idées de nos opinions, de notre volonté, de nos désirs, de nos histoires. Tellement pleins, qu’il n’y a pas de place pour la Source. Sans pouvoir la contacter, la laisser nous imprégner, nous ne parviendrons pas à changer.
S’abandonner, c’est libérer de la place. C’est mettre notre personnage en “congés” afin de retrouver l’ouverture et la disponibilité. Il s’agit de nous libérer de nous-mêmes, de notre propre “jeu”. Sans cette “décroissance”, c’est encore le personnage qui “grossira”, qui s’enrichira à travers une recherche, une pratique et une quête spirituelle.
Contacter
Contacter marque une reconnaissance. Tous les matins nous regardons notre visage dans le miroir. Grâce à l’image qu’il renvoie, nous savons physiquement de quoi nous avons l’air. En regardant dans l’Esprit même, c’est une reconnaissance similaire mais spirituelle que nous vivons.
Revenir à la Source, en “Soi”, c’est très simple et s’accompagne d’une légère sensation d’immobilité interne. C’est comme si au lieu de “partir” avec nos projections, nous restions en contact avec notre Lumière, notre éclat de conscience. C’est comme être enveloppé par son espace.
Cette relation intime est puissante. Elle nous éclaire. Elle permet d’éviter la “distanciation” qui nous laisse croire en un “second”. Demeurant à la source des pensées, celles-ci sont reconnues comme le mouvement de notre énergie. Voyant leur vacuité, elles n’ont pas le pouvoir de nous captiver.
Afin de contempler, nous prenons appui sur la Présence silencieuse et invisible de l’Être. Nous nous laissons rejoindre et envahir par son Éclat de vie, par sa Proclamation spontanée. Elle est la Source vive qui s’écoule inexorablement au milieu de nous, sans que nous le sachions.
La continuité de la contemplation ne repose pas sur l’attention ni sur les efforts de maintien. Elle vient de fréquenter la Source, de l’adopter, de s’en imprégner, d’en recevoir volontiers le flux continu. C’est la force et son courant qui nous emmène. C’est elle qui nous donne sa constance et qui nous fait semblables à elle.
Le repos de l’esprit
Ce qui importe, c’est ce en quoi nous nous lâchons. Pour cela, il faudrait déjà que nous nous lâchions ! Ce qui, Ici, signifie s’en remettre, prendre appui…
Notre corps trouve son appui sur la terre ferme. Qu’en est-il de notre être, de notre esprit ? S’appuyer sur des idées, sur des états n’apporte pas de stabilité ni de paix durable. Seule notre nature originelle peut nous donner le bien-être et la tranquillité à laquelle nous aspirons. En nous, il est une Ouverture, un ciel, un espace qui nous accueille inconditionnellement. Il n’est pas à mériter ou à conquérir. Il est juste à reconnaître, à accepter comme notre identité véritable.
Expérimenter le “chez-Soi”
Asseyez-vous et, simplement, laissez-vous emplir et imprégner par la proclamation de l’Être. Sans interférer, recevez… Autorisez-vous d’être rejoint.
Entrer dans son cœur c’est pénétrer notre Ciel intérieur. Dès lors, rien n’est plus pareil, comme si les pôles se trouvaient inversés. C’est la liberté du Ciel qui nous soutient et non plus le terrain de l’illusion.
En vérité, nous ne contemplons pas, nous sommes contemplés. C’est d’une saveur exquise et unique. C’est comme se sentir aimé pour la toute première fois. Combien avions-nous oublié ce qu’est l’amour… ce qu’est d’aimer !
Lorsque véritablement nous contactons la Source, l’éclat vivant de l’Être, nous en devenons le vecteur. Aussi, nous en recevons les qualités de générosité, d’amour et de sagesse. Nous nous trouvons dans la possibilité de les exprimer, de les partager. Sans cela, c’est seulement en “idée” que nous nous en rapprochons. C’est pris dans les intérêts du personnage que nous nous en faisons le possesseur.
Établir le “contact” c’est “être avec”. Ce qui veut dire que nous sommes avec “Soi”, avec “Être”, avec le “Cœur”. Nous sommes en relation, tout comme nous pourrions l’être avec quelqu’un d’autre. Par exemple, nous pouvons prendre la main d’une personne malade et par ce geste “être avec”. Il ne s’agit pas seulement de tenir une main, mais de s’ouvrir à une adhésion de cœur. Nous nous associons à la personne comme nous pourrions le faire avec un enfant ou bien un animal. Il y a une intention d’unité, de rapprochement, de partage, de consolation, d’amour.
Il est plus habituel d’avoir cet échange, ce cœur à cœur avec nos proches. Cependant, de façon intime cet unisson peut s’établir de bien des façons et tout particulièrement avec Soi. “Être avec” est une adhésion qui nous donne la plénitude qui transcende nos divisions.
Le partage avec l’Être essentiel, c’est aussi un partage avec chacun, avec la multitude. À travers cette relation, nous recevons plus que nous donnons. C’est d’expérimenter l’unité qui nous apporte la plénitude. Dans la contemplation, il y a un recueillement qui n’est pas une posture. Celui-ci est davantage une communion, par laquelle nous recevons une nourriture spirituelle.
A suivre
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