Pour beaucoup, le cœur et tout ce qui s’y rattache est associé au monde des “bisounours”, ne semble pas très sérieux et inspire la mièvrerie. C’est un jugement bâti sur une vision quelque peu simpliste et péremptoire, dans laquelle tout ce qui se rapporte au cœur s’appuie principalement sur une sensiblerie irrationnelle. Ce ne peut donc pas être porteur d’une grande intelligence ni d’une réelle efficacité.
En matière de sagesse et de spiritualité, la place du cœur n’est pas limitée à une morale basée sur une gentillesse naïve. De façon plus responsable, elle s’enracine dans des valeurs telles que la probité, le courage, la générosité et l’amitié. Lesquelles confèrent à l’individu, au-delà de sa propre personne et de son seul intérêt, une dimension humaniste, animée de bienveillance envers autrui.
Pour un chercheur de vérité, le rôle du cœur évolue, jusqu’au point de devenir essentiel dans sa vie. Le cœur ne ressemble plus à une corde sensible et tendue sur un instrument fragile et délicat, il est un puits de Vie et de merveilles. Il est le point d’où jaillit la force vitale d’amour.
Avant que l’amour soit perçu comme un sentiment, il est l’énergie abondante, l’Essence créatrice, la volonté infaillible qui anime et ordonne l’univers ainsi que tout ce qui le compose.
C’est lorsque nous nous arrêtons, qu’alors nous commençons à nous rencontrer.
Au début de notre recherche, nous sommes comme un errant qui, sans savoir où il va, arpente un pays aride et désolé. Ses pieds foulent une terre sèche et poussiéreuse. Se trouvant pris de fatigue, plutôt que d’insister, il décide de s’arrêter et finit par s’asseoir. C’est lorsque nous nous arrêtons, qu’alors nous commençons à nous rencontrer. C’est de stopper notre fuite qui amène à percer la croute de notre être, qui nous permet de nous enfoncer dans sa profondeur.
Compte tenu du caractère enfermant et piégeant de l’illusion, tenant compte de sa duplicité, il est crucial de s’armer d’une solide motivation afin de lui “échapper”. L’illusion se maintient dans notre perception à cause de notre motivation et des objectifs que nous y poursuivons. Sans cela, déjà, elle perdrait son attrait. Sans produire d’effort, nous verrions simplement qu’elle est fausse, qu’elle ne détient aucun pouvoir par elle-même.
Nous donnons vie et crédit à des images vides, captivés par des buts illusoires, parce que nous y avons un intérêt. Cet intérêt, c’est plutôt en faveur de la vérité que nous devrions le reporter. Sans cela, nous restons bloqués, assis entre deux chaises. Nous nous maintenons dans l’hypocrisie d’une libération, d’un “réveil” en continuant paradoxalement de nous assommer avec des “somnifères”.
Derrière tous nos désirs relatifs, il n’y a “qu’un seul et unique désir”.
Cette motivation, nous avons la possibilité de l’investir dans des buts opposés. C’est en notre cœur que le “ferment de vie” réside. C’est de lui que sourd “l’appel”, que s’élève la “soif” qui peut nous déloger de notre sommeil. Derrière tous nos désirs relatifs, il n’y a “qu’un seul et unique désir”. L’avons-nous entendu et reconnu ? L’avons-nous pris en compte ? Faisons-nous ce qu’il demande afin qu’il émerge au grand jour ?
L’amour nous appelle. Depuis longtemps, il nous aime. Il souhaite que nous aussi l’aimions pour que nous aimions comme il aime.
Plus de vie nous appelle, qui veut s’étendre, qui veut s’exprimer à travers nous. S’il existe un poids dans notre existence dû à l’oppression d’un carcan, dû à notre absurde adhésion en son caractère illusoire, c’est pour qu’enfin nous nous dégagions de tout cet inconfort. C’est pour que nous y rencontrions non pas des obstacles et une malédiction, mais l’injonction pour un profond changement, en vue d’une vie nouvelle.
Le cœur est absolu.
Je parle du “cœur”, parce qu’il vient avant les mots et les idées. Parce qu’il évoque un “lieu secret”, protégé et non perverti par leur contour et leur définition mensongères. Le cœur est absolu. Il se révèle à tous ceux qui s’y rendent et le fréquentent. Mais il reste cependant inconnu et déprécié aux yeux de ceux qui le jugent, qui s’en écartent et qui préfèrent le recouvrir de leurs mots pour s’en protéger.
Sans nul doute, tous, nous détenons ce cœur ; “nous l’avons” ! Nous portons en notre Être “l’Étincelle” merveilleuse, cette “foudre” jaillissante de vie. À travers elle, Dieu se fait intime et proche de nous. Il nous confie son œuvre, son héritage. Il n’y a de Père que parce qu’il existe un Fils, un enfant. Il n’y a de Fils et d’enfant que parce qu’il existe un Père. Pouvons-nous le comprendre ? Pouvons-nous laisser résonner en nous la profusion d’un tel don ?
Contempler c’est redonner au cœur sa priorité, sa prédominance.
Il serait vraiment dommage que par ignorance et arrogance nous molestions le cœur, ce “cadeau divin”. L’homme peut s’en débarrasser par les concepts qu’il en élabore. Il peut “tuer Dieu”. Il peut voir en les religions “l’opium du peuple”. Il peut en faire tout ce qu’il veut.
En notre Esprit, Dieu n’est rien de moins que notre conscience immuable, et Il le demeure. Avant que nous l’inventions et que nous le façonnions par nos idées, Il nous a déjà fait. Déjà, Il nous anime de son Souffle vital. Il siège et brille à tout jamais dans les cœurs. Ceci est inéluctable, qu’Il soit accepté ou bien rejeté. Il n’existe pas de choix tel que s’invente l’illusion.
Contempler c’est redonner au cœur sa priorité, sa prédominance. C’est simple. Il nous faut seulement être d’accord, l’admettre. En vérité, c’est déjà ainsi. C’est juste dans notre vision illusionnée, dans notre “rêve”, qu’il en est autrement et que cela peut changer.
Alors, demandez-vous d’où vous venez. Regardez… Contactez en vous l’Éclat qui s’y trouve originellement, inconditionnellement présent. Tout fruit a son “arbre”. Par cette provenance, il n’en est pas séparé. Il en est l’aboutissement. Il représente une épiphanie de la vie. Il en porte tout le secret et détient la semence qui le perpétue en Vie éternelle.
C’est dans nos yeux que la Source de vie abonde.
Lorsque nous regardons les photos de famille ou celles d’amis, notre regard se dirige pour trouver celui des personnes présentes sur les images. D’une façon générale, nous cherchons à croiser le regard de tous les êtres que nous côtoyons. C’est par les yeux que le vivant s’exprime le plus, même lorsqu’il est imprimé sur des photos sans vie.
C’est dans nos yeux que la Source de vie abonde. Elle en trouve le chemin, comme la lumière veut se diffuser par toutes les ouvertures, tous les orifices qu’elle rencontre. C’est du cœur que s’élève la Lumière d’amour. Lorsque nous contemplons, c’est cette Lumière de clarté provenant du cœur que nous recueillons. Elle émerge par notre regard et vibre à travers tout notre Être.
Contempler ne requiert pas une réflexion mentale, cela n’implique pas une méditation ou l’adhésion à des principes philosophiques. Il s’agit d’une approche pleinement mystique. Au niveau essentiel, elle représente la gestation du vivant. Elle s’accomplit telle la floraison par laquelle l’essence devient bouton, qui devient fleur, qui à son tour devient fruit. C’est un mûrissement que nous accompagnons, le principe d’incarnation auquel nous nous associons. C’est par le cœur, le sein spirituel et nourricier que cette genèse procède.
Afin d’être en contemplation, simplement, nous mettons notre cœur dans nos yeux. Nous ouvrons une fenêtre sur notre ciel intérieur afin qu’il éclaire notre chair. Ainsi, l’Esprit éternel qui réside dans le cœur affleure. Nous l’accueillons et le laissons établir sa Demeure.
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