L’une des façons de rejoindre la Source et de contempler, c’est d’adopter le “mode échec”. Dites-vous que vous êtes le pire, le plus nul, le plus incapable… Sur ce, laissez-vous choir simplement, “moralement” dans cette déconfiture…
Lorsque tout s’écroule et que notre volonté vacille, la présence de la Source, elle, ne bouge pas. En elle, notre Être non plus ne faillit pas. À travers la défaite du personnage, du rôle, contrairement notre véritable identité se trouve mise en avant. Elle se trouve dévoilée, tel le corps est révélé par la chute du costume qui le recouvre.
Dans cette “chute”, simplement voyez, simplement reconnaissez, simplement survivez dans la Présence qui perdure, qui s’actualise d’elle-même. C’est en cela que repose la contemplation.
Contempler n’est pas un résultat ni une obtention. Ce n’est pas une méthode liée à un “faire” ni à un quelconque “talent”.
C’est ainsi que de la “dernière place” nous nous retrouvons en la première. Ce point est très important, car il nous démontre comment contempler n’est pas une production de l’illusion. Contempler n’est pas un résultat ni une obtention. Ce n’est pas une méthode liée à un “faire” ni à un quelconque “talent”. C’est l’expression directe et constante de la Source qui s’accomplit d’elle-même. Illusionnés, nous n’identifions pas cette qualité innée. Pris dans les normes du personnage, nous pensons à tort qu’il nous revient de la mériter, de l’obtenir.
La véritable humilité vient d’être nus. Elle vient d’abandonner le costume du personnage ainsi que tout le jeu qui s’y trouve associé. Tout “faire”, toute “posture”, tout “état” fabriqué s’épuise de lui-même. C’est toujours le non-lâcher-prise, la non-acceptation qui nous donne l’illusion contraire. Si nous souhaitons nous libérer, être humble n’est pas une option. C’est la seule façon de nous dégager du voile des artifices, et de découvrir notre “co-émergence”, notre singularité en l’Esprit éternel.
La contemplation n’est pas de notre fait. Depuis le personnage nous ne servons à rien.
La contemplation n’est pas de notre fait. Depuis le personnage nous ne servons à rien. La Source s’offre pleinement. Elle n’attend pas un “travail” de notre part. Elle nous veut gratuits tout comme elle-même l’est et abonde de façon infinie.
L’Êtreté qui est la nôtre est parfaite. Elle ne varie pas. Elle n’est pas soumise aux changements relatifs comme l’est le personnage. Elle est pareille à la nature de l’océan qui bouge et change dans ses formes, mais qui demeure stable dans le fond.
Parce que nous regardons et jugeons les apparences, nous restons dans l’ignorance de l’immuabilité de l’être. Pourtant, quels changements peuvent se produire sans la primauté d’une base stable et pérenne ?
Sans la décision de nous exposer dans l’Ouverture en priorité, le “petit” restera petit, le “grand” restera grand. Nous demeurons conditionnés par les valeurs et les limites constitutives de notre jeu duel, sans qu’il nous soit possible de les repousser.
Ce texte n’est pas une apologie de l’échec. Le fait d’accepter notre défaite met l’illusion elle-même en échec. Toutefois, si nous n’acceptons pas vraiment notre perte, comme d’habitude, nous continuons d’échouer dans l’illusion. Dans ce cas, notre échec ne nous fait pas tomber du jeu même ni du personnage, pas plus que de ses valeurs de gain et de perte.
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