Avoir un cœur
Denis Marie
10 mars 2021

“Avoir un cœur” c’est avoir l’amour vivant, l’amour qui bat en soi. Dans cette existence, on nous enseigne bien des choses, mais pas à aimer. L’amour est quelque peu tabou. Aussi, on n’en parle presque jamais. Lorsque cela arrive, c’est généralement caricatural. Il est romancé et semble affecter principalement les couples. Pourtant, dans notre poitrine nous avons un cœur, un “moteur” prêt à aimer.

Tant que nous ne saurons pas comment notre cœur aime, nous resterons pauvres en amour. Nous ne saurons pas combien il est source de joie, giron de consolation. Nous ne verrons pas comment il est pareil à un soleil qui réchauffe au-dehors comme au-dedans.
Privés de sa radiance, nous n’en garderons qu’une définition mentale et limitée. Nous serons comme des voyageurs qui rêvent d’un pays où ils ne sont jamais allés. Rêver d’un pays, d’un endroit qui nous est méconnu est sans rapport avec le fait d’y aller, d’y retourner et d’y vivre.

Aujourd’hui encore, si nous devions survivre perdus au milieu de la nature, nous aurions besoin du feu. Alors, c’est peut-être en frictionnant deux morceaux de bois ou en percutant deux pierres de silex que nous y parviendrions. D’une simple friction peut jaillir le prodige du feu.
Sur le plan humain et spirituel, il existe aussi une “friction”, un échauffement, qui a le pouvoir d’embraser l’amour en notre cœur. Cet élan nous le connaissons parce qu’il lui arrive d’apparaître spontanément. Face à certaines situations notre cœur s’émeut et prodigue sa tendresse.

Pour notre quotidien, il existe aussi une douce étreinte, un élan bienveillant capable de réchauffer et d’accompagner chacun. C’est d’écouter notre cœur et de prendre appui sur lui que survient le “chérissement”. C’est par cette friction renouvelée que le cœur s’ouvre, qu’il vient à s’enflammer d’un amour doux, brûlant et puissant.

La générosité désintéressée, en faveur des autres, passe inévitablement par nous. Il est bien difficile d’offrir, d’apporter ce qui en nous-mêmes fait défaut. Cela, dont nous aurions dû nous gratifier en premier lieu.
Le contact, la rencontre fructueuse de l’Être, passe par le cœur. C’est ici la “chambre nuptiale”, l’âtre en laquelle s’élève la douce flamme d’amour.

Donnez-vous le giron d’amour et ainsi l’apaisement véritable… Au lieu de vous asseoir sur un “coussin”, Asseyez-vous dans votre cœur !

Délivrez-vous ! Offrez-vous un “atterrissage” dans votre point de confort, de douceur…
Ce n’est pas de concentration ni d’effort d’attention dont nous avons besoin, mais d’amitié envers nous-mêmes. C’est l’amour le remède contre la division et l’oublie.

Continuer de porter le même poids de jugement ne nous aidera pas, ne nous rendra pas meilleurs. Nous n’avons pas à nous combattre perpétuellement en réaction à nos fautes.
Depuis toujours, la souffrance qui nous accable vient du manque d’amour et de tendresse auquel notre être aspire. Cela même qui, à cet instant, continue de lui faire défaut.

La force qui nous unit à l’absolu, au divin, ne provient pas d’un quelconque “yoga”, d’une quelconque “technique”, mais de l’amour. Si l’amour rapproche les hommes ainsi que d’autres êtres sensibles, alors combien il nous rapproche de Dieu ! Une quête spirituelle sans amour est dépourvue de l’essentiel.
Ce dont, nous, les humains, manquons, c’est d’amour généreux et désintéressé. Si la bonté et la gratuité s’effacent du monde, il ne restera plus qu’une relation “commerciale”. Nous plaçons une telle attente envers les autres et sur nous-mêmes, mais concernant l’amour, qu’en est-il ! Pourtant, qu’est-ce qu’un jour sans amour ? Qu’est-ce qu’une amitié sans amour ? Qu’est-ce qu’une vie, qu’une passion, sans amour ? Sans lui, quelle réponse, quelle consolation procurent toutes les richesses du monde ?

L’esprit, lorsqu’il descend en soi, retrouve le “lieu du cœur”. C’est ce même esprit qui d’ordinaire s’illusionne, qui de pensée en pensée tourne sur lui-même. Le fait de lui apporter le réconfort et la chaleur du cœur répond enfin à sa soif, neutralise son insatiable dualité.
Donnez-vous le giron d’amour et ainsi l’apaisement véritable… Au lieu de vous asseoir sur un “coussin”, Asseyez-vous dans votre cœur !

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