D’une façon générale, ce qui nous fait défaut dans notre démarche spirituelle c’est la détermination et aussi la radicalité. À la place, nous nous aménageons une voie tiède, faite de compromis et de compromission. Autant dire qu’aucune libération, qu’aucun réveil ne se produira de cette façon. Le nombre des années n’y changera rien. Nous sommes prisonniers ou nous ne le sommes pas. Nous sommes réveillés ou nous dormons. Il n’y a pas de gradation, pas plus qu’il en existe pour entrer ou sortir d’une prison.
Nous sommes vrais ou pas. Nous sommes le personnage ou pas.
Personne n’est proche de la vérité à “90%”. Nous sommes vrais ou pas. Nous sommes le personnage ou pas. Aussi, dans ce domaine, les expériences et les années ne s’accumulent pas. Si ces dernières ne vous ont pas libérés, elles ne le feront plus. Tout cela n’est que du passé. Alors, demandez-vous vraiment ce qu’aujourd’hui vous favorisez pour que la vérité vous rejoigne. Demandez-vous à quoi vous occupez votre esprit, comment vous vous détournez et procrastinez votre délivrance.
Rappelez-vous, il ne s’agit que d’une illusion, que chacun s’en fait le créateur. Nous nous racontons une “histoire”. Plus nous l’écoutons, plus nous la suivons et plus elle nous contamine de toutes sortes de croyances insensées. Pourtant, tout le monde peut s’éveiller à sa nature réelle en quelques instants. À présent, pour que cela arrive, il nous faut commencer, et ne plus nous arrêter, à assumer le vrai et non le faux. La notion “d’obstacle” n’est qu’un éléments du rêve. Mais, parce que nous le validons, à nos yeux et dans notre esprit, il devient très solide.
Chacun discute avec son “double imaginaire” et le sert bien mieux qu’une personne réelle.
Être honnêtes en soi et avec la vérité, c’est arrêter de rêver éveillés, arrêter de privilégier notre vision fabriquée du monde. Pour cela, il s’agit d’être ici, présent avec toute chose, présent à la situation concrète. Vivre la vie ce n’est pas s’endormir dans ses pensées, dans son discours mental et des commentaires inutiles. Tout cela n’intéresse que notre personnage. Tout le monde s’en fiche. Tout le monde s’occupe déjà à la même aliénation et s’y adonne tous les jours. Chacun discute avec son “double imaginaire” et le sert bien mieux qu’une personne réelle.
Beaucoup s’inquiètent de se dévouer, de se dédier à la “vérité”. Comme si cela pouvait les rendre fous et irresponsables. C’est d’être un dévot de l’illusion et d’entretenir des fantasmes qui devrait les soucier. C’est d’être pareil à un zombie, qui bouge au-dehors, mais qui se trouve mort au-dedans.
Comment pouvons-nous nous contenter de rêver son existence, de l’imaginer, et faire que nous loupons la vraie vie parce que nous ne la distinguons plus ? Certes, nous ne mangeons pas de chair humaine. Toutefois, notre appétence consiste à détourner avec avidité la vérité, à la contaminer par la dualité. Pour maintenir notre duplicité, nous avons besoin “d’éteindre” la réalité, de “diviser” son unicité. C’est par l’entremise d’une certaine obscurité que s’animent nos projections et qu’elles nous séduisent malgré leur irréalité.
Notre but est un changement de plan. Celui-ci se trouve “déjà ici” !
La libération spirituelle n’est pas un but semblable à ceux que nous poursuivons dans l’illusion. Il ne dépend pas d’une obtention, d’un processus, ni d’une progression. De façon contraire, il consiste seulement à être “réalisé”. Nous avons à le rejoindre par une “bascule”, étant donné que nous rêvons et qu’il ne fait pas partie de notre “rêve”. Notre but est un changement de plan. Celui-ci se trouve “déjà ici” ! Il ne dépend pas d’un lieu ni d’un temps. Il est comme le réveil dans notre lit, au milieu duquel nous émergeons tous les matins, à l’instant même où nous sortons de notre sommeil et de nos rêves.
C’est seulement dans la dualité qu’il existe un dehors et un dedans. C’est dans nos idées qu’il y a un éveil et un sommeil. Tout est fini depuis longtemps. Nous sommes complets.
Contempler, c’est goûter un achèvement. Ce n’est pas essayer d’y apporter une quelconque conclusion. Toutes nos interventions se produisent dans le rêve. La perfection que nous offre le divin n’exige pas que nous la terminions. Cependant, aussi longtemps que nous ne la reconnaissons pas, nous représentons cela même qui lui “manque”, celui-là qui s’en croit “séparé”.
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