Contempler, c’est adopter un recul effectif sur notre esprit pensant. Ce n’est pas juste prendre une distance sur nos idées, mais sur tout notre esprit conceptuel. C’est, hors de toute pensée, vivre la pure Présence en laquelle nous sommes.
À nos yeux, cette vie devient nouvelle parce que nous laissons choir le cadavre de l’ancienne. Entrant dans la Présence, nous comprenons combien elle est unique, comment c’est tout notre discours hypnotique qui nous la masque, qui nous en prive. S’illusionner c’est se raconter l’existence au lieu de simplement la vivre. C’est rester derrière un filtre mental. C’est se bercer d’un flot d’idées vides et préférer le sommeil à la vie.
Afin de nous libérer, il est mal avisé de nous contenter d’une compréhension intellectuelle. Celle-ci appartient à notre logique duelle. Elle n’a pas le pouvoir de nous emmener au-delà d’elle. Aussi, d’affirmer que “c’est vide”, “qu’il n’y a personne” et que “c’est déjà parfait”… c’est juste proclamer de belles théories. C’est le fait de succomber au vivant, d’arriver pleinement dans l’instant, qui fait la différence. C’est le réveil au concret et à l’émergence, qui valide toutes nos théories.
C’est le réveil au concret et à l’émergence, qui valide toutes nos théories.
Saupoudrer du spirituel sur notre existence matériel ne nous élèvera pas, ne nous libérera pas de notre vieux personnage. Nous présumons du pouvoir de transformation sensé découler de nos belles réflexions et orientations intellectuelles. En définitive, c’est notre relation, nos applications dans le monde réel, qui attestent d’un changement effectif.
C’est étonnant comment les gens se passent d’une réelle “conversion” spirituelle sous prétexte qu’ils ont tout compris. Si effectivement ils avaient tout compris, ils seraient déjà libres. Seulement, ce n’est pas le cas. L’illusion continue de les tenir. Elle déborde d’eux. Aussi, ils ne font que prôner les beaux slogans dont ils se gorgent eux-mêmes.
Notre abandon doit devenir explicite. Si réellement nous voulions nous libérer de l’illusion, nous donnerions la part d’elle que nous gardons. C’est précisément de lâcher cette “part” qui nous en délivrera.
L’illusion est pareille à un grand jeu dans lequel nous sommes impliqués, au regard duquel nous entretenons des espoirs et des attentes. Tout ce que peut nous offrir le jeu, ce n’est qu’un peu plus de jeu. Que ce soit les gains, les pertes, les gloires et les défaites, tout, comme au “Monopoly” n’est que position, propriété et argent factice.
Nous prétendons vouloir nous libérer, mais le moindre “pion”, le moindre “billet” de notre illusion nous ne le lâchons pas. Lorsque cela nous arrive, nous voulons des justifications, un “retour sur investissement”. Le jeu, nous y croyons ! Voyez comment nous persistons pathétiquement à protéger nos intérêts et toutes nos possessions illusoires.
Aussi longtemps que nous continuons de croire que nous avons la possibilité d’entrer et de sortir de la vérité, nous sommes sous l’emprise de la dualité que nous dénonçons. Aucune de nos connaissances ne nous libérera si nous et “notre discours” ne nous ouvrons pas directement à la vérité de la Présence.
S’oublier dans l’instant vivant, s’ouvrir au “live”, entrer dans la “vision pure”, rend effectif et actuel le but que nous recherchons. Intérieurement, cela rouvre la boucle duelle et nous place dans “l’unicité”. Grâce à une “bascule”, à un “lâcher-prise” du jeu pour le réel, nous transgressons tout le mythe de l’illusion.
Il ne s’agit pas d’adhérer à des idées, à des théories, à une logique, mais à “l’instant vivant” et à l’Esprit éternel. Il s’agit de l’embrasser. Car seule, l’Ouverture jaillissante dans laquelle nous Sommes, témoigne à nos yeux et à notre cœur de la vérité.
© 2024 Esprit Éternel, tous droits réservés – Copyright N° 00071756-1