L’immersion dans la vérité
Denis Marie
10 avril 2021

Ceux qui enseignent la contemplation comme une “méditation” n’ont pas réalisé la perfection de l’Êtreté. “Perfection” signifie que c’est déjà parfait, que cela n’est pas à “parfaire”. Pour beaucoup, le raccourci c’est de conclure : “il n’y a donc rien à faire”.
Il n’y a pas “rien à faire”. De façon concrète, il y a à découvrir comment “cela” que nous sommes fondamentalement en notre être, ne dépend pas d’un “faire” ni d’un “devenir”.

Bien différemment, la contemplation intervient comme un réveil. Elle est tel un soleil dans notre ciel.

La Source vient avant nous, avant tout. Elle ne peut pas résulter de méthodes que nous appliquons à partir de l’illusion. L’illusion ne sait que fonctionner dans une méthodologie duelle et progressive. Elle nous laisse croire qu’il existe un point de départ et un point d’arrivée.
Bien différemment, la contemplation intervient comme un réveil. Elle est tel un soleil dans notre ciel. Elle est une renaissance, un éclat radieux par-dessus l’ignorance. Elle ne vient pas l’utiliser et la nourrir. Elle nous permet de nous en libérer dans l’instant. C’est comme si elle nous disait : “Tu n’es pas cela”.

Parce que notre implication dans le sommeil de l’illusion est totale, notre engagement envers la vérité doit l’être tout autant. Si nous avons l’impression de ne plus progresser spirituellement, c’est parce que notre implication est tiède et freinée par les compromis. C’est que notre désengagement de la logique relative reste partiel.
Lorsque nous sortons, que nous quittons la pièce où nous sommes, nous ne restons pas plantés dans l’embrasure de la porte. D’un élan décidé nous la franchissons pour rejoindre notre but.

Contempler devrait nous permettre d’accepter note Êtreté, d’abandonner le paraître et la comédie. Nous permettre d’accepter que nous Sommes ici, présents, accepter que “c’Est comme ça” et que nous n’y sommes pour rien. Aussi, il est vain de “faire” et de “ne pas faire”. Toute action, toute pensée, toute conduite n’y change rien.
Par conséquent, il n’y a pas à méditer, à contempler, à nous détendre, à être patient, à calmer nos pensées, à recommencer, à réussir, à espérer… Tout cela ne sert à rien. Tout cela est sans nécessité.
Avant tout, nous Sommes là, affirmés dans l’instant. Nous Sommes, vivants, présents, et cela se produit sans intervention de notre part. C’est ainsi ! C’est depuis cette simplicité première que nous pouvons admettre l’évidence, nous en reconnaître indissociables et oublier le jeu de l’illusion.

Mettez votre esprit dans l’Ouverture. Plongez-le dans le Ciel vivant de l’instant. Rencontrez ici la Demeure naturelle. Rencontrez tout de suite le but ultime.

Plutôt que de mastiquer nos idées, plutôt que de nous concentrer, de cultiver un “maintien”… Mettez votre esprit dans l’Ouverture. Plongez-le dans le Ciel vivant de l’instant. Rencontrez ici la Demeure naturelle. Rencontrez tout de suite le but ultime. Arrivez… Atterrissez là où vous “êtes”, là où tout EST.
Ouvrez-vous, abandonnez-vous à la simple évidence. Tout est déjà achevé, déjà parfait. Cela n’attend que vous, que votre adhésion. Cette “arrivée”, la vérité l’accomplit pour nous. Nous concernant, il s’agit seulement de reconnaître, d’accepter que ce soit déjà ainsi et que ça le demeure, malgré tout ce qu’essaie d’imposer notre volonté.

Cet exposé, l’ensemble de ces explications, notre esprit ordinaire peut le comprendre. Toutefois, il ne peut pas le réaliser explicitement. Le seul entendement ne suffit pas pour nous libérer directement. Aussi, si nous ne voulons pas que cette vision de perfection reste une belle théorie, nous avons à nous en donner la preuve. Nous pouvons nous donner des ouvertures afin de permettre des “mises en évidence” Nous devons nous exposer à la Lumière. C’est le temps de la démystification, celui de pourfendre nos croyances pour qu’elles perdent l’emprise qu’elles exercent malgré nous.

“De plus haut nous tombons plus belle est la chute !”

Ces “mises en évidence” réclament une certaine hardiesse. Elles ne peuvent nous éclairer qu’en proportion de la part que nous donnons. Si nous désirons vraiment sortir de la saisie duelle et des ambitions du personnage, il est utile d’en faire l’offrande complète.
C’est avec confiance, nous tournant vers le vaste Esprit que nous lui remettons notre esprit limité. Dans l’Ouverture, nous nous immergeons totalement. Nous nous oublions dans sa perfection d’éternité. Nous savons que lorsque nous plongeons notre main dans l’eau, elle se mouille. Que lorsque nous la plongeons dans le feu, elle se brûle. De la même façon, le fait de plonger notre esprit en celui de Dieu le sanctifie.

“De plus haut nous tombons plus belle est la chute !” Celle-ci n’est pas garantie. La démystification ne s’accomplit pas au moyen de la volonté, mais par notre seul abandon. Cependant, de nous mettre en danger (le personnage), de nous présenter face à l’Ouverture, ne nous laisse pas indemne et sans opérer une transformation.
Ici, le temps que nous y passons n’est pas le facteur essentiel. Tant qu’à nos yeux l’illusion conservera sa valeur et un intérêt, le dessein de la perdre s’effectuera difficilement. C’est de se convaincre, d’avoir la foi qu’il y a bien plus à gagner qu’à perdre qui nous rend accessible le véritable abandon.