En quête d’une confirmation
Denis Marie
5 mai 2021

Notre personnage s’agite en quête de sa propre confirmation.

D’une façon générale, nous ne sommes pas disponibles. Il existe un commentaire quasi permanent qui occupe notre tête. C’est une danse de l’esprit par laquelle nous créons la sensation d’exister. Notre personnage s’agite en quête de sa propre confirmation.
Quel besoin d’être confirmé si l’on existe ? Qui peut être confirmé s’il n’existe pas ? L’illusion est un paradoxe. Désespérément, nous sommes à courir derrière notre ombre sans parvenir à l’atteindre.

Notre personnage réclame sa validation. C’est précisément par l’action de cette recherche qu’il assoit son utilité. Il court après l’idée de lui-même. Pris dans ce rôle, c’est comme si nous dirigions notre index vers nous-mêmes dans le but de nous désigner, de clamer notre existence. Illustré de cette façon, cela semble absurde. Cependant, c’est un doute à notre encontre qui provoque le besoin névrotique d’obtenir une confirmation.

L’illusion représente une “boucle spirituelle”. La contemplation nous permet d’y mettre un terme. Il ne s’agit pas de la bloquer ou d’essayer de l’empêcher. De façon naturelle, il convient de lui permettre qu’elle s’épuise afin qu’elle s’ouvre. Si l’on cesse d’ajouter du carburant dans notre voiture, elle ne peut que s’arrêter et stopper sa course. La question déterminante qui se pose est “combien voulons-nous qu’elle s’arrête”.

C’est nous-mêmes qui donnons vie à notre cinéma.

Sans notre réel accord, sans la conviction d’un jeu absurde et sclérosant dans lequel nous sommes piégés, la boucle ne fera que se maintenir. C’est nous-mêmes qui donnons vie à notre cinéma. Nous en reconnaissant responsables, c’est à nous-mêmes qu’il revient de l’arrêter dans notre motivation initiale. Notre volonté est le carburant, est le ressort qui nous fait “tourner” depuis tout ce temps.

Malgré nos allées et venues, tous nos challenges et notre agitation, nous n’allons nulle part. Toujours, nous sommes ici. Toujours, nous sommes avec nous-mêmes.
La conscience se regarde infiniment. Rien ne peut empêcher cette action. Aucune de nos fuites ne nous en éloigne. Elles ne font pas que nous devenions plus importants ni que nous ayons raison.
Ce que nous sommes en vérité n’a pas besoin de confirmation, pas plus que de justification. L’Esprit vivant duquel nous apparaissons est l’expression d’un don, d’une gratuité parfaite et désintéressée. Il se trouve seulement dissimulé par des valeurs inculquées. Quoi que nous voulons croire, il est la Source qui préexiste au simulacre d’un “jeu” rajouté, dans lequel “gagner” et “perdre” ne sont que des notions factices et inventées.

C’est par une appropriation que nous perdons notre liberté.
En relâchant notre “saisie”, nous cessons de créer le “saisisseur” ainsi que l’objet de la saisie. Nous n’établissons plus une dualité en nous-mêmes et avec le monde.
Contempler, c’est relâcher la tension du devenir, celle d’un objectif séparé. C’est s’ouvrir à la parfaite Êtreté qui s’offre instantanément, sans que personne n’ait besoin de s’acquitter de quoi que ce soit envers quiconque.