Dieu sauve
Denis Marie
8 janvier 2021

Comment Dieu nous sauve par l’ouverture à son vaste Esprit

La façon dont Dieu nous sauve, repose sur sa nature et son caractère absolu. Quand bien même nous l’abordons à travers un “concept”, par la grandeur, la supériorité qu’il évoque et représente, il peut nous élever au-dessus de toute notre vision conceptuelle.

Dieu nous sauve parce qu’il est “Dieu” ; principe même de totalité et d’absolu. Cette notion nous conduit au-delà de nos choix illusoires, de ce que nous considérons comme juste ou injuste, possible ou impossible. C’est cette “démesure” qui aujourd’hui nous fait défaut pour dépasser nos propres limites, les règles arbitraires que l’esprit conceptuel se fixe lui-même. Grâce à cette représentation, cette figure ultime qu’incarne Dieu, nous sommes sauvé malgré nous.

Dieu sauve parce qu’il est “celui” en qui l’on peut s’abandonner.

La difficulté que nous rencontrons dans notre démarche de libération est d’aller au-delà de l’idée de nous-mêmes, du “personnage”. Le jeu et le masque que nous avons adoptés nous collent à la peau. Sur le plan spirituel, notre personnage est prêt à nous aider, mais pour mieux perdurer.
Concrètement, nous avons beaucoup de mal à laisser tomber notre “définition” et l’univers mental que nous nous sommes créés. Pourtant, rien, en aucune manière ne vient s’ajouter ou compromettre notre Être.

Laisser choir le personnage ce n’est pas seulement amoindrir ses tendances égotiques. C’est abandonner tout le rôle, toute la saisie mentale et son jeu de pouvoir. Cela s’accomplit en nous offrant pleinement ici à la Présence. Être présent dans le présent, être vivant dans le vivant, cela ne représente que l’adhésion à la vérité spontanée. Pourtant, en l’accomplissant, cette acceptation, cette “simplification” dans la Présence authentique, nous libère de la “rêverie”, du rôle et du mythe qui nous accaparent.

 

Dieu est “grand” !

Si l’on dit que “Dieu est grand”, ce n’est pas pour lui mais pour nous. Si l’on dit qu’Il est “grand”, ce n’est pas pour que nous nous sentions petits. C’est au contraire pour que nous sortions de notre petitesse. Il s’agit d’une invitation à le rejoindre, à nous rendre dans sa “grandeur”. Cette démesure de Dieu se trouve ici. À l’image du ciel, elle couvre tout.

Spirituellement, lorsque l’on parle “d’ouvrir notre esprit”, ce n’est pas pour élargir nos idées. Plus concrètement, il s’agit de mettre notre esprit, notre conscience individuelle en l’immense ouverture, la conscience et l’Esprit infini du divin. Originellement, notre esprit n’est pas différent de celui de Dieu. Cependant, illusionnés, nous l’avons délimité. Nous vivons refermés et définis par une volonté individuelle.
Le fait de mettre “notre petit esprit” en celui de Dieu n’a pas pour fonction de les “réunir”. Le but est de réaliser combien, par-delà notre vision conceptuelle et nos croyances, déjà ils ne forment et ne demeurent qu’un seul.

Par-delà tous les jeux du relatif, la pensée discursive,
nous sommes le “Je Suis”, la proclamation incessante de l’Éternel.

La vérité de Dieu est première en nous. Quand bien même nous ne la reconnaissons pas, à la source de notre être, elle est sa clarté jaillissante, son ouverture infinie, sa vie éternelle. Rien de ce qui existe ne peut être manifesté sans en faire partie. Tout, sans exception, prend naissance dans cette base fondamentale et unique. Nous pourrions dire que l’éclat de Dieu est en toute chose et que toute chose est dans son éclat.
Depuis ce point de vue, il n’y a pas de division. Il n’y a pas de catégories, de pôles opposés, ni d’échelle de valeurs qui s’y rattache. La lecture relative et manichéenne que nous connaissons n’est qu’une convention propre à la perception des êtres illusionnés, conditionnés par la vision duelle. Les notions telles que le bien et du mal n’ont pas cours dans la vérité de Dieu.

Ce que recouvrent le nom et l’idée de Dieu est aujourd’hui bien galvaudé. Faut-il se poser la question de croire ou non en Dieu comme cela nous est transmis ? Selon moi, Dieu n’est pas qu’une théorie ou une croyance optionnelle dans notre vision personnelle. De façon bien plus incontournable, il représente le principe premier et fondateur de toute manifestation de vie. Il est à cette existence ce qu’est la lampe du projecteur au cinéma.

Dieu sauve, parce qu’il nous élève au-dessus de toute chose. Si nous nous relions à lui, à ce qu’il est par sa nature infinie, étant nous-mêmes issus de lui, il nous est possible de reconnaître son image en nous. Il nous est possible de vivre le visage qu’il est en nous.

Nous ne devrions pas douter de la présence de Dieu en nous. Et, même si nous en doutions, ce doute n’est que celui du personnage, de “celui-là” en nous qui est illusionné. Le doute n’exprime pas la vérité. Il est l’expression de notre peur face à l’inconnu.
Sachant celui ou celle que nous sommes, comment imaginer que Dieu ait gardé sa place en nous ? Pourtant, quand bien même nous serions le plus incrédules ou le moins méritant, Dieu ne peut nous déserter.

Dieu sauve parce qu’il est celui devant qui nous pouvons déposer notre orgueil.

“C’est en nous abaissant que nous sommes élevés.”* Il y a une prosternation intérieure, invisible que nous ne faisons pas, parce que nous ne l’avons pas comprise. Pourtant, elle est pour Dieu. Certes, il ne la réclame pas. Mais de l’accomplir nous fait choir en lui.
Dieu, nous offre de le rejoindre dans sa grande simplicité. Pour ce faire, il suffit à notre personnage de s’abaisser, pour qu’avec lui s’abaisse l’aveuglement de son orgueil.

Présence invariable et continuelle

Lorsque nous nous sentons mal, un peu désespéré, un peu en panne, nous pourrions nous demander ce qu’il en est du divin, de la Nature absolue en nous. Est-ce qu’en nous le Divin pourrait aller mal ? Est-ce que votre Nature pourrait être désespérée ? C’est toujours le personnage qui va mal et qui se plaint.
En nous, la Lumière de vie est constante. Elle n’oscille pas. Elle ne vient ni ne repart. Elle est “cela” qui demeure lorsque tout s’écroule. Dans ce monde relatif, tout varie, alterne et change d’état. Toutefois, cela se produit sur une base stable, au sein d’un espace immuable.
Lorsqu’enfin, nous cessons de rejeter “le fond avec la forme”, “la Nature avec les apparences”, “le bébé avec l’eau du bain”, nous réalisons, par-delà les circonstances bonnes ou mauvaises, l’Éclat de vie lumineux, aimant, incessant, auquel nous appartenons depuis toujours.

La vérité de Dieu est présente avant nous. Elle l’est de la même façon que la terre est présente avant la fleur ainsi que tout ce qui se pose et vit sur elle.

Notre nature divine reste notre nature divine quoiqu’il advienne. L’Absolu auquel nous appartenons n’est pas soumis au changement. Il est le fondement. Il n’est pas une conséquence, mais la cause, la source première qui rend possible toute expression, toute manifestation. Il est pareil au vaste ciel depuis lequel de nombreux phénomènes climatiques se produisent, sans qu’il soit affecté.
Notre ciel intérieur est semblable au ciel extérieur. De nature immuable, il est la nature de la Source en nous. Les pensées, les émotions, les humeurs qui s’élèvent en lui n’ont pas le pouvoir de l’altérer. Par contre, l’ensemble de ces “événements” représentent comme des témoignages de cette base fondamentale. Tout comme nos grimaces témoignent de notre visage originel sur lequel, momentanément, elles se dessinent.

Dieu est déjà donné en chacun et en toute chose. Indépendamment de toutes nos croyances, nous tous sommes l’expression et le témoignage de ce don. Nous n’avons rien à faire pour être avec Dieu étant donné qu’il a déjà tout fait pour nous. Ce qui nous incombe c’est de ne pas nier cette grâce. C’est de ne pas la rejeter en s’inventant le Dieu que notre illusion réclame.

S’abaisser
— “Tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé.” (Lc 18:10-14)