Adhérer à la Présence vive
Denis Marie
22 mars 2021

Notre premier obstacle à la contemplation, c’est nous-mêmes. Aussi, il est important que nous soyons “d’accord” et dans l’acceptation. C’est une clé essentielle pour vivre l’unique Présence qui s’actualise.

Bien que de nombreuses pensées occupent l’esprit, il n’est pas celles-ci. Il en demeure parfaitement libre. Toute pensée s’épuise naturellement dans l’ouverture initiale, de même que tout son, toute parole s’épuise dans le silence originel.
Tout s’efface constamment. Seule demeure la Présence vive. C’est déjà ainsi. Ça l’a toujours été. Tout ce que nous pouvons croire, penser, juger, faire, n’y change rien. Tout s’efface spontanément. Que nous pratiquions ou non, que nous réussissions ou non, tout s’épuise et disparaît.
À présent, “savoir” cela ne suffit pas. C’est d’être “cela qui reste”. C’est d’entrer dans cette évidence qui nous libère concrètement de notre cécité.

Si tout s’épuise tout l’est déjà et ce n’est que dans une idée que ça semble durer. Si tout s’épuise, ce que nous avons fait, celui qui le fait, le résultat, cela que nous détenons, s’épuisent sans exception.
Soyez présent. Dans cette vie, n’existe que la Présence. Celle-ci ne devrait pas dépendre d’une attention, d’un effort ou d’un choix qui nous incombe. La Présence est le vivant qui s’actualise naturellement pour tous.

Demandez-vous pourquoi vous ne coulez pas avec la vie et dans son renouveau. Ce n’est pas en luttant avec soi-même que nous y parviendrons. Plus simplement, c’est en étant d’accord pour en faire partie. À quoi bon se raconter, s’inventer une “indépendance”, un “autre temps” qui n’existent pas ?

Que voulons-nous ? Que regardons-nous ?

Tant que nous nous intéressons à ce monde, nous n’aurons pas “l’autre”. Ce n’est pas une question quantitative, mais de choix et de maturité. Soit nous préférons être à l’intérieur, soit c’est à l’extérieur. Il ne sert à rien de chercher à rester dans l’un et l’autre à la fois. Demandez-vous pourquoi vous restez intéressé par ce monde et ce que vous en attendez. Demandez-vous si cela répond à votre attente, à votre désir profond.

Si vous souhaitez contempler, débarrassez-vous de toute attente. Attendre, c’est nier l’instant et en espérer un autre, alors qu’il s’agit toujours du même.
Contempler, c’est arrêter de dealer vainement avec soi-même. Quoi que nous pensions et argumentions intérieurement, en vérité, nous sommes déjà ici, avant tout, uniquement dans la Présence vive. Toutes nos déclarations ne sont que du vent, que des paroles vides au regard de la proclamation naturelle et indiscutable de cela qui Est.

Contempler c’est se mettre en Vérité. C’est une manière d’échapper au personnage en lui permettant de se mettre en “vacances”. Seule la Vérité peut nous rendre vrais. Aussi, cette instruction consiste à prendre appui sur elle, à la laisser nous influencer, nous éclairer.

Où est la Vérité ? Quelle est t’elle ?
Elle est là, ici, sous nos yeux, dans l’apparition de tout ce qui compose le monde et plus précisément notre environnement. L’éclat d’Êtreté brille sur toute chose. Elle rend présent et tangible “le temps de la Présence”, le “temps du vivant”. Tout ce qui est ici, autour de nous, est en train d’être, est en train de s’actualiser, maintenant… Voir, ressentir cela, nous permet de constater, d’identifier la proclamation vivante en nous de l’Êtreté.

Contempler ce n’est pas essayer de s’unir à la vérité, c’est arrêter de la fuir et de s’en distraire. La vérité de l’êtreté est là. Elle se conjugue d’elle-même en nous. Nous sommes ! En nous l’Êtreté est à l’œuvre. Elle opère et s’actualise spontanément. Pour cela, nous n’avons rien besoin de faire. Cette simple prise de conscience devrait nous apporter soulagement et réconfort. La vie se donne sans cesse. Elle nous fait vivants.

Ceux qui méditent et qui s’entraînent depuis des années à la Présence et au calme mental n’ont pas reconnu comment cela s’accomplit naturellement en eux. Pourtant, leur corps et leur être sont ici indissociables de cet instant. Ils ne peuvent être “ailleurs” ! Aussi, tout ce qui s’exprime sur le plan physique ou mental se dissout automatiquement et laisse chacun dans l’ouverture et à simplicité de sa condition initiale.

Nous ne sommes pas nos pensées ni nos projections.
Chacune d’elles s’épuise et nous laisse dans l’éclat pur et immuable de notre conscience.

Afin de contempler, nous devrions réaliser la préciosité de l’instant. Pour cela, il nous faut nous pauser, nous autoriser à Être ici, simplement, gratuitement.
Notre tendance est de considérer ce monde et cette vie comme une continuité, alors qu’en réalité il s’agit plus d’un renouveau permanent. La vie s’actualise ici, maintenant. C’est en train d’arriver… Aussi, il est vain d’essayer de se concentrer sur la Présence. Voyez plutôt qu’il n’y a que celle-ci de réelle. Les autres temps n’existent pas. Nous pouvons regarder vers le passé ou vers l’avenir, nous ne cessons d’être ici, scrutant seulement notre imagination.
Comme toutes les apparences et les choses qui nous entourent, nous sommes participants de l’unique et éternel instant. Sentez-vous en appartenance d’une même émergence. Sentez-vous porter par la proclamation spontanée de l’Êtreté.

Si nous ne sommes pas dans la contemplation, c’est parce que nous ne sommes pas vraiment ici. Pourquoi ne sommes-nous pas ici, avec ce corps, dans cet instant ? Parce que nous voulons être ailleurs, projetés dans notre propre temps.
Ce ne sont pas nos pratiques, nos heures d’assise, qui nous aideront à être ici. C’est seulement par notre décision de ne plus fuir et de rester là où nous Sommes, là où nous nous tenons. Nous pourrons la prendre en ayant l’honnêteté de reconnaître qu’il n’y a pas d’ailleurs, que jamais nous ne partons nulle part. Jamais nous ne nous éloignons du Soi. Aucune conjecture et projection mentales n’a le pouvoir de remplacer le réel ni de nous en écarter.

Tout est déjà fait, tout est complet. Nos propres “faires” sont comme des gesticulations. Ils n’apportent rien à ce que nous sommes. Invariablement, ils s’épuisent au sein de l’instant immobile.
Pour celui qui voit concrètement l’épuisement de toute expression, de toute entreprise, alors cela lui procure une grande libération, un grand réconfort.
Humblement, il se reconnaît comme un simple reflet dans l’éclat du grand miroir. Lui et tout ce qui apparaît dans son espace ne sont qu’un jeu temporaire. Le miroir est immuable. Rien ne peut se détacher de sa perfection, de sa totalité.

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